Yannick Prats est à la fois formateur et coordinateur de la filière “Cycle” à l’EMBA Business School. Le 20 avril dernier, il était présent au SPORT JOB DAY organisé au Parc des Princes par l’Union Sport et Cycle, un événement dédié à l’emploi et à la formation dans le domaine du sport.
L’école se devait d’y être ! A cette occasion, Yannick Prats a participé à une table ronde sur les grandes tendances de l’emploi dans ce secteur.
Extrait de son interview ci-dessous.

[L’interview 100% SPORT]

Quels métiers et quelles compétences sont attendues ces prochaines années dans le commerce du sport ? 


Pouvez-vous nous dresser le panorama actuel de l’emploi dans le commerce du sport et du cycle ?

Yannick Prats : Selon l’estimation de l’Union Sport et Cycle en 2021, le cycle est aujourd’hui présent dans plus de 3 000 points de vente en France.

Parmi les points de vente, on retrouve principalement les détaillants, les GSS* multisports, Internet avec les sites e-commerce adossés ou non à des points de vente physiques mais aussi les grandes surfaces automobiles et les commerces de location.

À l’EMBA Business School de Quimper, 15 à 20 % de nos apprenants arrivent à l’école avec un projet d’ouverture concret : celui de créer leur commerce.  

Nous avons formé environ 400 personnes au cycle depuis 2013 (formations FUB et USC réunies) et 400 personnes dans les autres filières sport depuis 1997 avec des taux de réussite et de satisfaction supérieurs à 90%.

Le cycle à l’EMBA accueille essentiellement un public de reconversion alors que nos autres filières sport s’inscrivent plutôt dans la continuité des études (bac +2, bac+3) avec un public de jeunes adultes.

Aujourd’hui, près de 85% de nos apprenants cycle trouvent un emploi dans les semaines et mois suivants la fin de formation.

Deux ans de pandémie ont profondément bouleversé notre économie. Quelles principales transformations observez-vous dans le marché de l’emploi du sport et comment l’EMBA Business School s’y adapte-t-elle ?

YP : La période du Covid a certes, fait émerger de nombreuses craintes et réticences, du fait de la proximité des gens dans les transports en commun, mais elle a également démontré un regain d’intérêt et d’importance sur les questions écologiques et sociétales, notamment sur l’envie et le besoin des français de revenir à des valeurs essentielles en termes de qualité de vie, de plein air et de remise en forme.

Face à ces aspirations, le vélo constitue une solution naturelle, forte et accessible à tous.

D’ailleurs, son usage s’est fortement accru à l’échelle française mais également internationale, tous les secteurs de l’économie du cycle explosent dans le monde.

Le cycle a gagné plusieurs années de politique et de développement économique en quelques mois. Les points de vente et d’entretien se multiplient, les rayons cycle des GSS prennent de plus en plus d’espace, les industries se relocalisent et ouvrent de nouvelles chaînes de production, les candidats se bousculent aux portes des organismes de formation.

The Shift Project, un think tank, a publié une étude récemment dans laquelle ils expriment prévoir une augmentation de + 1221% d’emplois dans l’économie française du vélo à l’horizon 2050. On parle de 232 000 emplois supplémentaires, 45 000 dans l’industrie et 180 000 en vente-entretien-réparation.

Les confinements ont contraint les gens à rester chez eux mais leur ont aussi permis d’avoir du temps pour eux, d’avoir un accès plus rapide et facile quant aux explications techniques et technologiques, essais, notes, comparatifs etc. Et de prendre en compte l’importance de la réputation des commerces dans un univers où l’avis des internautes a de plus en plus de conséquences dans la prise de décision.

En somme, on note une augmentation de l’exigence et du pouvoir des consommateurs à mettre en face de l’émergence de nouvelles activités et métiers.

Aujourd’hui et dans ce contexte, le commerce a besoin de salariés irréprochables dans leur niveau de connaissances, de compétences, dans l’utilisation de nouveaux outils digitaux mais également en termes de savoir-être. On tend vers des compétences de plus en plus variées et vers la polyvalence, ou à l’inverse, vers l’hyperspécialisation.

Ces sont tous ces changements que nous essayons d’anticiper en tant qu’organisme de formation et ce, grâce à notre veille, notre analyse du marché et des besoins.

Nous nous devons de travailler avec les organismes certificateurs afin d’adapter le plus rapidement possible nos formations dans l’intérêt de nos clients finaux, les commerces, et de leur faire gagner du temps.

D’autres transformations sont à l’œuvre : transformation digitale, transition écologique, nouvelles pratiques sportives… Quelles compétences seront nécessaires demain, et quels métiers se développeront pour répondre à ces transformations ?

YP : De nouvelles pratiques émergent ces dernières années, c’est notamment le cas du gravel (et ses vélos spécifiques) qui occupe un segment délaissé entre le vélo de route et le VTT. L’ampleur de son développement et de son succès est telle que l’UCI vient d’annoncer l’organisation du premier championnat du monde professionnel.

De plus, l’usage du vélo cargo ne cesse de croître dans les centres urbains. Si en France, le vélo appartient encore à l’industrie du sport et du loisir, son succès est tel que le monde de l’automobile se positionne également sur ce marché. À titre d’exemple, Porsche à récemment racheté une marque de vélos électriques et investi dans plusieurs autres.

Les vélos à assistance électrique (VAE) connaissent une croissance encore plus forte que les vélos classiques avec 1,2 millions d’unités écoulées ces deux dernières années en France, pour une valeur de 2 400 millions d’euros.

Aujourd’hui, un vélo sur quatre vendu est électrique, et les projections de l’Union Sport et Cycle tablent sur 1 million d’unités vendues l’année prochaine et 3 millions en 2030. Un vélo vendu sur deux sera alors un électrique.

Cela démontre la faisabilité de nombreux projets qui pourront bénéficier d’un succès très rapide en profitant de la conjoncture du vélo (investisseurs, aides publiques, développement accéléré des infrastructures etc.).

Des questions se posent au niveau écologique, notamment sur les batteries des vélos électriques. Les commerces de cycles pourraient à minima offrir une prestation de diagnostic des batteries, il s’agirait de savoir à quel point on ajuste le prix du vélo d’occasion en fonction de l’état de sa batterie actuelle. On peut aussi imaginer par exemple construire des filières spécialisées, des systèmes de location ou encore des relais de batteries.

Le marché de l’occasion de vélo deviendra un énorme levier de croissance pour les commerces qui s’en saisiront car pour le client, un vélo d’occasion acheté chez un professionnel offre des garanties.

*GSS : Grandes surfaces spécialisées


Merci à Gérard POUET, expert sport associé à l’EMBA Business School pour nos échanges réguliers sur ce sujet.


Yannick PRATS

02 98 10 16 08 – y.prats@emba-bs.com